8 d’épées. TW : santé mentale, maladie chronique

Le 8 d’épées est une carte qui apparait souvent dans mes tirages. Elle met en lumière ces instants ou je me sens emprisonnée, dans mon corps et mes pensées, lorsque je me sens aliénée par la maladie.

L’immobilité, l’isolement, le repos, imposés par les douleurs chroniques me donnent trop souvent le sentiment de ne pas avancer et de faire du sur place. « Pas aussi vite, pas aussi libre que les autres. »

J’obéis à des règles fixées par la maladie. Des réflexes que j’ai instaurés pour me protéger, de mon entourage qui ne comprend pas toujours, du corps médical qui minimise et qui violente, d’un système qui marginalise nos corps déviants. Je constate aujourd’hui que le rapport que j’entretiens à ces réflexes me fait parfois plus de mal que de bien, comme celui qui consiste à m’auto-dénigrer pour anticiper et m’épargner la violence des autres.

Pourtant je ne souhaite pas être « normale », j’aimerais ne plus souffrir, mais je ne souhaite pas être « normale ». Je ne veux pas et ne peux pas guérir comme l’entend notre société capitaliste pour entrer dans un moule qui ne me convient pas. Mon corps douloureux, contient dans ses failles, ses brisures, des histoires que je ne souhaite pas renier. J’apprends à l’écouter, à ressentir, à ne plus dissocier les parties douloureuses lorsque ça devient trop difficile.

Parfois j’avance à pas de fourmi, parfois je danse, parfois je cours. Parfois j’étouffe mon corps par peur de souffrir et je fais marche arrière pour me mettre à l’abris. Parfois je suis incapable d’affronter le monde et je reste dans ma coquille. Rien n’est figé.

Avec le 8 d’épées je prends conscience de mes limites et de ce qui ne m’est pas toujours possible. J’apprends à me focaliser sur ce qui me fait du bien et me soutient dans les moments difficiles, mais avant tout, j’apprends à me respecter. Après tant d’années d’errance médicale, j’ai appris récemment que je suis atteinte d’endométriose – d’adénomyose. A l’arrivée, ce diagnostic ne change rien au rapport que j’entretiens à mon corps. Je vis avec une colopathie et cela fait des années que j’apprends à m’en accommoder. Je continuerai à en faire de même avec l’endométriose – adénomyose avec ou sans diagnostic.

S’aimer nous revient. Nos vies sont précieuses.

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